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Objet : Une nouvelle identité visuelle pour l’écologie politique en France. Concours bidon non conforme à la Charte des concours des arts visuels, non respect des professionnels du design, délai incongru, montant de rémunération ridicule et comprennant la cession définitive des droits d’exploitation. Bref, c’est du crowdsourcing déguisé.
Il est écrit sur la page www.eelv.fr « Après la naissance d’Europe Ecologie-Les Verts, il est urgent que le mouvement se dote d’une identité visuelle. Il convient donc de déterminer la procédure permettant d’y parvenir. Un appel à concourir est lancé ce dimanche 12 décembre 2011 par le Conseil fédéral transitoire. Les propositions devront parvenir sous forme numérique à l’adresse [email protected] avant le mardi 15 janvier 2011 minuit. En envoyant une proposition, les postulants déclarent accepter de céder à EELV, en échange de la signature d’un contrat et d’une rémunération de 5 000 euros HT, la totalité des droits, y compris ceux de transformation, pour une durée illimitée et pour tout usage en France et partout dans le monde, si leur proposition était retenue. EELV s’engage à ne pas dévoiler à des tiers les propositions avant le 16 janvier. »
Le logo et l’identité visuelle étant de véhiculer les valeurs d’un émetteur, on est en droit de se demander quelles valeurs peut-on bien partager avec de telles mauvaises pratiques…
[Nous avons adressé le 17 décembre un courriel à [email protected] pour informer de notre point de vue, tout en restant à disposition pour expliquer comment produire un concours dans le respect de la déontologie de notre profession.]
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Commentaires
evepom,
le 20 déc
2010 à 17h33
Je pense qu’Europe écologie fait un appel à ses militants, parmi lesquels peuvent se trouver des graphistes ayant envie d’apporter leur contribution. On n’est pas dans un système marchand.
En tant qu’adhérente d’Europe Ecologie, je ne suis pas non plus payée quand je distribue des tracts sur le marché… et comme je n’ai pas le temps je ne vais pas m’attaquer à notre identité visuelle mais j’aurai pu en avoir envie à titre militant !
le CA AFD,
le 22 déc
2010 à 12h22
@evepom
Il conviendrait alors de spécifier que ce concours s’adresse exclusivement aux militants, sinon, il se positionne comme tous ces concours de logos à gogos qui entretiennent les mauvaises pratiques de commande de design.
L’intention de EELV peut être louable, la méthode est importante aussi ; surtout quand dès le 2e paragraphe on prend soins d’écrire «En envoyant une proposition, les postulants déclarent accepter de céder à EELV, en échange de la signature d’un contrat et d’une rémunération de 5 000 euros HT, la totalité des droits, y compris ceux de transformation, pour une durée illimitée et pour tout usage en France et partout dans le monde »
Sur quoi se base-t-on ? Des pratiques amateurs ? Professionnelles ? Ne soyons pas trop naïfs…
Corinne Rufet,
le 22 déc
2010 à 18h42
Je confirme qu’il s’agit d’un appel militant.
EE – Les Verts est un parti politique pauvre (en salarié(8), comme en devise) qui utilise depuis très longtemps le réseau de ses militants pour élaborer des chartes graphiques ou des logos. On est pas la SNCF ou une grande institution avec un service comm et tout le toutim !
Par ailleurs, je suis désolée, mais en tant que parti politique, la cession définitive des droits, c’est la base, on est pas dans "bisounours land" non plus, imaginez si le poing et la rose du PS ne pouvait plus être utilisé par le PS mais revendue par l’auteur a un autre parti !
Cordialement
C. Rufet
,
le 23 déc
2010 à 11h22
@Corinne Rufet
Comprenons-nous bien, le manque de moyens et l’esprit d’engagement, le bénévolat, nous connaissons bien : nous n’avons aucun permanent à l’AFD 😉
Ce que nous critiquons, c’est votre méthode pour faire appel à vos militants, qui reprend une terminologie qui véhicule les idées des pires pratiques en ce qui concerne la commande d’identité visuelle.
Vous dites que seuls vos militants sont concernés et vous publiez un appel public. Pourquoi ne pas contacter directement vos adhérents ? De plus, votre concours laisse supposer que concevoir un logo est simple, il met sur le même plan un particulier et un professionnel, il entretient de fait l’idée qu’il est inutile de faire appel aux professionnels. Il valorise auprès d’un nombre indéfini de personnes que travailler au risque de ne rien gagner est une bonne idée. Combien de gagnants pour combien de perdants ?
Nous savons qu’au-delà d’un logo de quelques centimètres carrés, la réussite d’une identité visuelle repose en majeure partie sur son implémentation : comment faire vivre l’ensemble de ses supports ? Nous savons que ceci est un métier et que ce n’est pas l’objet de l’atelier de peinture du mercredi.
Une alternative à votre concours aurait pu être votre recherche et votre sélection de deux ou trois designers graphiques (qui sont aussi des citoyens qui votent…), d’entamer avec eux un dialogue constructif, basé sur l’écoute de vos besoins pour produire un travail de qualité, restant cohérent avec la déontologie de leur profession en les rémunérant à un coût de "militant", en répartissant votre budget, aussi symbolique soit-il. Vous auriez eu deux ou trois propositions, dont vous auriez pu finaliser un projet, élu par vos adhérents.
Il se trouve que c’est un de vos sympathisants, graphiste de métier, qui nous a avertis de votre concours, écœuré. Est-ce la meilleure méthode pour fédérer plus de militants autour de vos idées ?
Seoul69,
le 03 janv
2011 à 11h35
@ François Caspar : Tout à fait d’accord avec ce que tu dis. Pour avoir travaillé pour un autre grand parti de gauche je peux attester que l’acte "militant" (ou l’implication citoyenne) est toujours dans la balance quand on négocie le tarif et on arrive toujours à trouver un terrain d’entente. En revanche même avec un petit budget si il y a appel d’offre il doit y avoir un retour, qu’il soit financier ou autre. Le temps passé et le travail effectué ne peut se balayer d’un revers de la main.
Nos métiers sont respectables et cette respectabilité passe aussi par la reconnaissance du travail effectué.
Comme tu le dis, la réussite d’un logotype passe part beaucoup d’étapes dans son élaboration surtout si on recherche une belle résistance au temps.
Quand on voit l’amateurisme et la faiblesse des logotypes des Verts et d’Europe Ecologie on se dit que le chantier est important pour créer une image forte et marquante. raison de plus pour faire un effort concret et rémunérer l’appel d’offre.
Ou alors autant faire appel directement à un bon pro en lui proposant le marché directement.
@ Corinne Ruffet : Je trouve cette démarche totalement déconnectée des valeurs d’EELV.
Plutôt que de vous justifier, EELV devrait se raviser et opter pour une autre méthode pour la recherche de son logotype, me semble-t-il. Surtout que 5 000 commence à être un budget convenable (en free-lance) pour ce travail "militant".
nil,
le 05 janv
2011 à 12h25
Bonjour,
je viens de prendre connaissance de vos échanges au sujet des appels d’offres "militants". Je me rallie à François et observe que ces pratiques ont tendance à se généraliser au sein des associations, voire des fédérations d’associations. De plus, sous couvert d’engagement, peu à peu, les designer sont tenus d’être présents aux réunions de coordination, bien qu’elles ne concernent pas directement la création graphique. Il s’agit là d’intégrer "le projet" opérationnel avec tous les acteurs afin d’échanger sur les ordres du jour. Ne pas y être peut être mal perçu et remettre en cause in finé la collaboration sur l’année suivante quand il s’agit/ex de créer une affiche pour un événement annuel. J’évoque le secteur du social qui malmène le droit d’auteur lié à la diffusion sur le net et à la déclinaison des visuels pour les publications internes. La mention de l’auteur est bien souvent absente, ce qui nous contraint à une veille qui ne devrait pas être
J’informe mes clients au risque de me faire blacklister; c’est déjà le cas avec deux associations. Je vous signale également un autre abus que je cite: la Mairie d’Épernay a lancé un AO auprès des artistes de champagne-Ardenne pour la réalisation du visuel fêtant les 20 ans de leur publication. 1500 euros TTC cession totale des droits incluse et reproduction sur tout support print et web. Un pré-projet était demandé, le comble! Les collectivités et les municipalités ont de plus en plus recours à la procédure de l’AO pour des marchés qui pourraient être confiés en s’appuyant tout simplement sur le choix d’un artiste. S’agit-il d’un effet de crise? de la situation géographique?
et comment faire sachant que les artistes qui répondent à ces appels portent préjudice à notre profession? L’idée étant de travailler en intelligence et ne pas se tirer dessus! souhaitons que l’année 2011 fasse évoluer ces questions favorablement. Tous mes voeux à l’AFD et à l’ensemble de ses membres. NP
dudedesign,
le 15 janv
2011 à 17h37
De l’écologie en ce moment il y en a grandement besoin. Enfin des valeurs sociales et humaines qui décident de s’unir. Et aussi enfin une prise de conscience du vrai besoin de faire de la com’ propre. Au final 5000 euros dans la poche aussi ça fait plutôt du bien. Tout est réuni. Alors franchement everybody, si vous y croyez faut pas se poser de questions.
Germain B.,
le 19 janv
2011 à 18h01
Bonjour,
Je suis membre d’EELV, je crois important de le dire avant ce qui va suivre.
Je soutiens vos démarches de défense des droits d’auteur, de lutte contre des pratiques irrespectueuses et non éthiques. Principes qui sont pourtant répétés dans les assemblées d’EELV et par ses représentants… donc cette anicroche me fait de la peine.
Je m’adresse aussi à C.Rufet, je voudrais bien lui demander de revenir s’exprimer ici, dans ces commentaires. Car je crois que là, on a merdé. Je ne sais pas si c’est par manque d’information, simple empressement ou véritable volonté d’abuser de la situation.
Mais la défense des droits d’auteurs (dans tous les secteurs, avec toutes l’envergure qu’on peut imaginer) doit faire parti des éléments de "programme" d’EELV (même mineurs). Je suis également les réflexions du "parti pirate" qui milite pour l’accès libre à la culture sans nécessairement que les auteurs en pâtissent, et je sais combien cet élément est en réalité une brique importante de l’édifice du respect mutuel dans la société.
L’idée a été lancée par François Caspar d’annuler complètement la démarche de logotype et de recommencer avec un appel d’offre plus réglo. Ce serait bien que ce soit C.Rufet qui s’exprime à ce sujet. Personnellement, je trouve que ce serait une perte de temps inestimable dans notre besoin d’identité graphique, et je chercherai plutôt comment faire adhérer le respect du droit d’auteur avec nos propres contraintes… en modifiant le contrat qui sera fait signé aux auteurs, par exemple, ne peut on pas faire un pas dans ce sens sans annuler et rendre tout le monde gagnant ?
D’où ma question : Est-il possible de protéger les droits d’auteur tout en laissant une liberté totale de modification future de son logotype à EELV, car si j’ai compris, c’est ça la contrainte principale ?
Et si vraiment aucun débouché n’est possible, alors exprimer notre mea-culpa, et l’afficher au "musée des horreurs" d’europe écologie pour faire amende honorable ? (se couper une phalange, en somme)
Pour moi, EELV, n’est pas un regroupement qui tourne la tête à la première erreur commise, il faut savoir les reconnaitre et engager la lutte.
Germain B.
Clem,
le 19 janv
2011 à 19h31
Je viens de tomber sur ce post et commentaires AFD concernant l’appel d’offre du logo Europe Ecologie les Verts. Je trouve que vous avez entièrement raison dans ce que vous dites. C’est effrayant de voir que même des gens soi-disant "ouverts" et "respectueux des autres" puissent avoir de telles pratiques concernant un appel d’offre comme celui-là. Il est déjà très dur pour nous autres graphistes de sortir la tête de l’eau, surtout en ces temps où l’on demande beaucoup de travail et d’implication avec un retour incertain, voire proche de zéro.
Je me suis installé à Londres depuis début Octobre, et qu’il est dur, même dans ce pays où le mérite est censé primer sur les relations et les origines, de gagner sa croûte en vendant des images ! Comme vous le savez, j’ai monté avec mon cousin un business de photo/graphisme, et nous "perdons" encore notre temps dans des hypothétiques concours où même la simple participation devrait déjà être perçue comme une récompense ! J’ai eu 29 ans il y a quelques jours, et après avoir dépensé toutes mes économies pour payer mon loyer et ma carte de transport (afin d’aller en entretien hein, pas en soirée…), je vais devoir aller travailler dans un resto comme avant afin de ne pas crever de faim. C’est très dur à avaler quand on a déjà l’impression de s’arracher la tête matin et soir pour très peu en retour [ ].
Que ce métier est dur, mais en même temps qu’il est beau ! Je vais quand même participer à ce concours, car notre petit studio, si modeste soit-il, est toujours à la recherche d’un projet largement diffusé qui, nous l’espérons, nous sortira un jour de cette galère perpétuelle qui nous enveloppe 24h/24.
[ ]
C’est pas tout ça mais je retourne taffer, la maison d’édition pour laquelle je bosse en free actuellement me presse comme un citron, pour 1500 maigres euros… Sachant que je dépense des livres sterling, le rapport travail-rémunération me fait vraiment envier ces pourris de traders.
,
le 19 janv
2011 à 20h38
@Germain B.
Bonjour,
il est bien sûr possible de modifier un logotype en respectant le droit d’auteur. Il suffit d’en expliquer la nécessité, c’est le rôle du cahier des charges. Par modification, on entend évolution, pas rupture, qui peut être aussi une stratégie, mais dans ce cas, on parle d’œuvre nouvelle.
L’esprit du droit moral n’est pas de nuire à l’évolution, parfois nécessaire, d’une œuvre de design. Tout designer est formé pour comprendre cette nécessité, il peut même en être l’initiateur, le conseiller, la durée de vie d’une création de design étant très variable.
Quant au droit patrimonial, des solutions simples peuvent être négociées pour que sa rémunération soit étalée dans le temps, au rythme de l’exploitation réelle de l’œuvre de design. Le droit d’auteur permet cela aussi. Plutôt que d’établir une cession forfaitaire définitive, ce qui peut compliquer sont financement et produire une pression économique peut propice à l’échange.
Le droit du professionnel n’est pas forcément une arme que l’on s’oppose. Il peut être un atout qui protège aussi le commanditaire contre une modification qui serait contraire à l’esprit et à la qualité qui ont déterminé son choix. On peut douter de l’intérêt pour le commanditaire de faire appel à une autre personne que celle qui s’est impliquée dans son projet dès le début. Qui d’autre que le designer originel serait le mieux placé pour comprendre comment faire évoluer sa création ? Il faut voir dans le droit d’auteur une opportunité d’accompagnement et de conseil à long terme, plutôt qu’une contrainte. Le designer doit être envisagé comme un partenaire et non comme un emmerdeur potentiel prestataire de quelques centimètres carrés de graphisme.
En matière de design, le succès est le fruit d’un dialogue entre le designer et le client — qui a des droits, lui aussi. L’exemple du logo du "poing et de la rose du PS" qui irait à un autre parti, décrit dans le commentaire de Mme Rufé, est irréaliste. Il est fort probable qu’un juge ne donnerait pas raison au graphiste qui agirait ainsi, le préjudice subit par le PS serait bien réel. Par contre, le PS protège son symbole de toute autre utilisation grâce au droit du graphiste qui est l’auteur de son logo.
Le respect de chacun doit trouver ses bases dans les termes d’un contrat équilibré et équitable.
Multynet,
le 27 janv
2011 à 19h25
Je tiens à vous informer de la procédure qui a été suivi durant le concours ouvert de EELV.
160 logotypes ont été proposés parmis lesquels 20 logotypes ont été retenus.
Extraordinairement, des modifications du cahier des charges ont été demandées à ce stade et pour tous parmi ces 20 logos. Des modifications considérables qui ont suscité une approche créative complétement différente.
Je me demande si cette procédure est illégale car le concours était ouvert et peut susciter une confusion voir un certain favoritisme.
Hugo,
le 28 janv
2011 à 13h06
160 logos proposés dont 20 retenus !?! Quelle opulence ! J’aimerai que les Verts nous fassent 160 propositions de programme.